MARCILLYS - Connaissons nos sites

Roger Chazal le 6 janvier 2005
La Brandisse
42130 Marcilly-le-Châtel
Courriel : cliquer ici

Aux divers "MARCILLY etc" de France et peut-être d'ailleurs,


Pour un projet "CONNAISSONS NOS SITES"


Plusieurs participants à la "Onzième Rencontre" (à Marsilly) ont bien voulu se déclarer intéressés par un projet de recensement raisonné des noms de lieux (toponymes) de nos diverses communes, qui peut être une voie parmi d'autres pour mieux nous connaître (nous-mêmes et entre nous). Je les en remercie à nouveau, et leur dis mes regrets d'avoir tardé à faire cet envoi du texte annoncé, que voici maintenant, dans un état certainement perfectible.

OBJECTIF 1 : RECUEIL COMPLET DE NOS TOPONYMES

Dans la perspective culturelle ouverte, mais modeste, de cette proposition de recherche "sur le terrain" de nos communes, la démarche pourrait sans irréalisme être celle du recueil complet, n'excluant aucun nom de lieu, présent ou passé, mineur ou majeur, du plus récent au plus ancien, du plus prestigieux au plus infime, sans oublier les appellations qui n'ont jamais été écrites, qu'elles soient coutumières ou naissantes (en voie d'apparition dans la pratique orale), et celles qui ne sont plus qu'un nom dont on ne connaît même plus le lieu auquel il se référait.
Pourquoi une telle tâche ? Sa valeur ludique est certes garantie au départ, mais il y aurait risque qu'elle ne devienne fastidieuse si l'on venait à en oublier l'esprit, qui peut être moins la passion de la collection comme fin en soi (encore que celle-ci puisse ne pas être sans vertus) que le tracé d'un autoportrait de la commune par ses propres "mots topographiques" attestés – cet oiseau rare, en somme, que peut être un autoportrait dont la touche est ressentie comme vraie, au moins en intention. En outre, s'il est bien certain que tout site physique et humain a son individualité irréductible (et ce n'est pas à la France des trente-six mille communes qu'il y ait à le rappeler), il n'est pas impossible (voir ci-dessous "Objectif 2") que nos autoportraits respectifs fassent apparaître une parenté culturelle entre nos appellations communales elles-mêmes – notre (quasi) communauté de nom procédant peut-être d'autre chose que du simple accident du nom d'un propriétaire gallo-romain.
Un premier classement peut être alphabétique, simple ou sectoriel. On peut ensuite opérer des choix, dont les critères peuvent être :
- la valeur distinctive : on mettra en relief ceux des noms de lieux qui apportent une clarification dans le domaine du site;
- la valeur d'ouverture : on mettra en relief ceux des noms de lieux qui contribuent à ouvrir la notion de site dans certaines directions souhaitables, notamment celle de la prise en compte du site (physique et humain) comme une donnée marquée par certaines continuités dans les changements voire les bouleversements, donnée à la fois partiellement et relativement fixe et évolutive ; le site comme "objet" transmis, comme "tradition", monument patrimonial évolutif.

Mode de présentation : le recueil par commune (ou regroupements si désirés). Pour chaque commune ou regroupement, le recueil serait, au choix, simple, ou organisé en sous-rubriques spécifiques au site considéré (dont exemple ci-dessous).
Chaque entrée du recueil serait constituée par : le toponyme lui-même, suivi de sa notice explicative (dont en premier, éventuellement , mention, codée ou non, de la source d'information) . L'ordre des entrées pourra être thématique, ou alphabétique.


ESSAI DE TOPONYMIE RAISONNEE DE MARCILLY-LE-CHÂTEL

Codage des sources :
p.o. : pratique orale (courante),
t.o. : tradition orale, c’est-à-dire, termes toujours vivants dans certaines mémoires, mais qui ne sont plus de pratique courante ; les mémoires individuelles concernées pouvant elles-mêmes être situées par mention, selon les cas , de la date de naissance de la personne citée [toujours anonymée] (ainsi, t.o. 1929-), ou de ses dates de vie (t.o. 1929-2004)
p.o.- t.o. : termes en voie de raréfaction dans la pratique courante,
n. : appellations naissantes (dont "n.a.", administratives ; et "n.c.", propres à certaines classes d'âge)
c. : cadastre (actuel),
c. 1827 : cadastre de 1827,
t. 1404 : "terrier de Marcilly" (copie postérieure d’un terrier de 1404).

Formes de langage retenues :
française (non marquée),
f-p : franco-provençale – le parler franco-provençal (dit «patois») est encore compris à Marcilly-le-Châtel par une minorité d'habitants, voire pratiqué par une minorité encore plus restreinte. Certains documents anciens, dont "le terrier de Marcilly"[1], mêlent fréquemment latin et franco-provençal dans leurs énoncés toponymiques.

Regroupements :
Nous regroupons thématiquement, en trois rubriques, les noms retenus. Ces rubriques nous sont dictées par les grands traits du site physique et humain de Marcilly : les axes de communication nord-sud et est-ouest, et le lieu fort, avec ses larges assises, qui a servi à individualiser le village dans sa nomination. A l'intérieur de chaque rubrique, l'ordre adopté est géographique plutôt qu'alphabétique.

Chaque entrée comportera une explication brève axée sur l'intérêt toponymique (dont éventuellement patrimonial) du nom concerné. La perspective n'est qu'accessoirement étymologique. Ce document vous est présenté dans sa forme actuellement inachevée, en cours de recherches.


SUR LES AXES NORD-SUD

Ce qui est aujourd'hui, administrativement et pratiquement, "le bourg" de Marcilly-le-Châtel était connu jusque dans les années 1960 comme "le Pavé", terme qui désignait à la fois la forme pavée qu'avait revêtue en ce point l'axe de communication nord-sud longeant la base des "Montagnes du Soir", et la séquence linéaire des maisons qui le bordent sur le mode d'un village de terrasse de rivière, qui était aussi (jusqu'en 1961, date d'ouverture de "la nouvelle route" évitant l'agglomération par l'est) un village-route -- où passa notamment, en juin 1940, le flot militaire et civil de la grande débâcle nord-sud.

-- Le Pavé [ La croix du Pavé (c.1827) ; la cîme du Pavé (p.o., t.o.) ; la montée du Pavé (id.) ; le bout du Pavé (id.)

--la Place. Créée en 1960 (maire : A. Magnan) à la faveur et à proximité du percement de "la nouvelle route", dans un Marcilly qui était resté longtemps (hors "le Bourque", voir ci-dessous) sans place publique.

-- La Grande Cour (p.o., t.o. ; f-p "la Grand Cour"). Au coeur (décalé) du "Pavé", au départ de l'unique diverticule de la voie principale, cour (et non "place"), mais espace public (le seul hors-route au Pavé avant l'ouverture de l'actuelle Place). Fut l'objet dans les années 50 d'une demande de rituel de désenvoûtement.

-- "la bascule" [la pesée publique], et "le monument" [aux morts de la guerre] . Face à l'accès à "la grande cour", sur un petit terre-plein artificiel en bordure de la route. "La bascule" servit de poste à une "Milice Patriotique" pendant quelques semaines dans l'été 1944, avec quelques incidents heureusement surtout burlesques.

-- L'Oupita (f-p, c'est-à-dire "gîte-hospice", t.o.)

-- le quartier Saint-Louis

-- Le Trou (t.o.)

--La Brandisse (p.o.)

--Les violets, le chemin des violets (t.o.).
La variante longue (« Le chemin des… ») est, on va le voir, un cas exemplaire de remotivation formelle d’une appellation dont l’application est bien comprise (il s’agit effectivement d’une voie de communication), mais dont le sens de la forme simple (« les violets ») n’est plus perçu, tandis qu’y joue fortement l’attraction de plusieurs autres sens ressentis comme inauthentiques et amusants.
Le terme est dans le dictionnaire du patois forézien de 1863 (L.Gras) : «Violët s.m. Sentier, chemin à talons. Diminutif du latin via, chemin. (Italien viottola) ». Sous la forme toponymique non diminutive « Viols », le Dauzat-Rostaing le fait dériver du provençal « viol », avec le même sens « sentier »[2].
Découvrir ce terme en 2004 encore vivant en tradition orale[3] spontanée (non sollicitée) à Marcilly fut une surprise, mais aussi une confirmation de plus du caractère tenace des toponymes lorsqu’ils se trouvent porteurs d’une valeur distinctive, pratique, importante, ce qui est ici le cas. Le locuteur désignait en effet par là ce qui est actuellement un chemin de terre de direction générale nord-sud reliant (à la hauteur de son domicile) deux voies ouest-est (le Chemin du Ravat et le Chemin des Ramées) qui plus bas aboutissent toutes deux au Pavé[4]. Il est remarquable que le locuteur ait conservé en mémoire, et précisé (avant même de connaître le sens ancien de « violets ») que ce passage était autrefois un simple sentier, bordé de haies de prunelliers[5] – c’est aujourd’hui un large passage au gabarit des tracteurs. était dispense ainsi du détour par le Pavé le piéton désireux de poursuivre, en ce point, sur l’axe nord-sud. Le pluriel retient l’attention. Il n’y a pas en effet plusieurs chemins parallèles (qui seraient comme les barreaux d’une échelle entre deux montants), mais bien un seul chemin, perçu toutefois comme pluriel car prolongé par d’autres « à la file ».

-- Le chemin de Craponne (c., t.o.)

-- Le gué de Lugneux. t. 1404 : "vadum [latin = "gué"] de Luignieu" ( 5V, dans l'indication d'une parcelle en pré jouxtant (nous traduisons) "le chemin qui va de Lugneux au gué de Lugneux": point de franchissement du Drugent

-- Le chemin des diligences [les Pas perdus] (t.o.)

-- [etc...]


SUR LES AXES EST-OUEST

Il s'agit là encore d'axes de communication déterminés par le relief, mais marqués en l'occurrence par les lignes d'écoulement des eaux de la montagne vers la plaine. Vallées, vallons ou ravins, principaux ou secondaires, alternent avec des dorsales ou éperons. Dans cet écheveau complexe incliné vers la plaine, les noms de lieux opèrent un débrouillage pragmatique ordonnant l'espace. Ainsi, pour les reliefs, de la paire que constituent "Puy" (Granet), où Puy signifie hauteur (dominante), et son diminutif "le Poyet" (= petite hauteur), contraste bien confirmé sur le terrain, lorsque d'un lieu on observe l'autre, depuis les routes montant à Maure ou, inversement, à Say. Une troisième hauteur a pour nom "Le Bizay" (ou "Bizet"), souvent interprété comme "le lieu venté" – mais plus vraisemblablement comparatif implicite, "le petit pic" (par corruption en "b" d'un "p" initial attesté dans "Le Pizet", lieu-dit de la commune de Champdieu dont la position est homologue, un plus petit sommet entre deux pics élevés, alignés comme à Marcilly dans l'axe du coteau viticole. Dans notre commune, l'alignement pose, du sud au nord, et bien en évidence, Le Poyet, Puy Granet, Le Bizay, et "le château" ou plus couramment "Sainte Anne", pic d'affleurements basaltiques coiffé d'une forteresse, qui est de loin le plus marquant des quatre sommets mais non le plus élevé, car la dorsale de Puy Granet (et celle du Bizay) dépasse et domine (de loin) au plus haut les 500 m. d'altitude des tours de "Sainte Anne".
Une autre paire signifiante est celle des noms du cours d'eau principal, le Drugent, et de celui de ses affluents, le Merdari, qui le rejoint au coeur de la commune, et dont les eaux jaunies après certaines pluies font alors contraste avec celles, restées plus claires, du Drugent -- écrit "Drujohan", "Dretjohan", voire en deux mots, Dret Johan, etc, dans le terrier de 1404, c'est-à-dire compris alors (quoi qu'il puisse en être du sens originel réel) comme un laudatif, "Johan (=Jean) le Dru", vraisemblablement par référence gaillarde à ses crues parfois puissantes et soudaines.


1) Dorsale majeure Maure - Puy Granet - La Barin - La Morandin - Jailleux - le mont d'Uzore

-- le pont de la Guéze (p.o., t.o., f-p [variante française : "de la gueuse"]

-- Pierre-lune (t.o.)

-- Puy Granet

-- La Barin

-- le chemin de la sable (t.o.)

-- le champ d'épines (t.o.)

-- La Morandin

-- Le chemin de la Morandin à La Brûlée (c. 1827)

-- La Jalousie (p.o.)

-- Les Rivières (p.o.)


2) Dorsale du Bizet

-- le chemin des Communes (p.o.)

-- Gouttefille (p.o.)

-- Cave Noire (p.o.) [Cava Nére, f-p, t.o.]


3) Dorsales Say - Le Poyet, et Say - Rézinet

-- Say (p.o.) [Saye, f-p, t.o.]

-- le Creux du Bout (p.o., t.o.)

-- le Pré de l'étang

-- [etc...]

SUR LE LIEU FORT ET SES ASSISES

Cette expression de "lieu fort" a été ici préférée à d'autres possibles, pour caractériser ce troisième trait distinctif du site de Marcilly, dans son incidence sur les noms de lieux.
Le lieu fort, avec ses larges assises, a servi à individualiser le village dans sa nomination officielle, qui s'est fixée sur "le château". La dénomination du même village par "le Pavé" (en vigueur, à partir de la révolution anti-nobiliaire de la fin du 18eme siècle, jusqu'au dernier tiers du 20eme siècle), désigne elle aussi le même site, mais vu sous l'angle des travaux de viabilisation sur la voie nord-sud qu'il a toujours exigés. Le lieu à fortes pentes en abrupt direct sur le coteau et la plaine devient en effet un point faible des communications lorsqu'il s'agit de franchir le débouché du cours d'eau principal sur ce piémont. Ce cours, sous le lieu fort, longe et aggrave l'obstacle constitué par la dorsale majeure Puy-Granet - Jailleux, qui fait elle-même bourrelet abrupt sur son flanc nord.
Sauf depuis l'est, d'où la vue le plaque contre la montagne, surtout dans l'ombre du soir, le lieu fort s'impose au regard comme une saillie unique --celle de la butte volcanique--dans le profil montagneux descendant vers la plaine. La limite communale passe à quelque 300 mètres seulement au-dessus, ce qui peut surprendre, par contraste avec l'importance du lieu dans le passé -- mais l'explication en serait peut-être à rechercher dans le tracé des anciennes seigneuries.
Parmi les nombreux noms de lieux aujourd'hui perdus figurant dans le terrier sont plusieurs noms de portes des enceintes anciennes du château ou/et du bourg : 4, "porta dau Bour" (4V, variante "del Le Bour ") ; 6V, "porta dau Terrail" ["terrail" en ancien français peut signifier "remblai"] 24, "lo Terrial" ; "porta dau Vent" [=porte du Sud] (variante : 20,"del Vent") ; 24V, "porta Montanari" [=de la montagne].
Autres noms de lieux, aujourd'hui inconnus, qui reviennent très souvent pour le repérage des parcelles de ce secteur haut de la commune :
"La Clarmonde" (variante "La Clermonde") [prénom féminin : Esclarmonde, "Lumière du Monde"]
"le Chofour" [four à chaux] 7v, "le Terrail dau Chofour" (10, "dau Chaufourt") ; à ne pas confondre avec "le four de Marcilly" (10V, "furnum Marcilliaci"), qui désigne vraisemblablement le four à pain (four banal).

-- Sainte-Anne (p.o., t.o.), désignant le château, n'apparaît pas dans le terrier de 1404, où le château est toujours "le château de Marcilly" ("castrum Marcillaci").Il est possible que la diffusion de l'appellation "Sainte Anne" ait été plus tardive, et liée à l'enseignement religieux, reprenant le vocable de la chapelle du château (les vitraux 19ème siècle du chevet de l'église du village représentent, de part et d'autre du Christ, Ste Anne en éducatrice de sa fille Marie, et Marie en éducatrice de l'enfant Jésus). Il est vrai toutefois que l'appellation n'avait pas à figurer dans un document de propriété, et sa très grande familiarité peut suggérer au contraire une tradition extrêmement ancienne ("Sainte Anne a mis son bonnet" est encore aujourd'hui un énoncé de météorologie signifiant plaisamment un ciel bas). Tout Marcilly a toujours,quand il le peut, "regardé Sainte Anne" qui le regarde, et avant Sainte Anne peut-être, ses préfigurations celtes encapuchonnées.

1) versants nord nord-est est

-- La Cache du prêtre (t.o.). Ferme en ruines (réseau de murs de pisé sans protections ; certains des toits étaient encore en place il y a peu) au nord nord-ouest du château (cote 527), à l’angle du chemin montant à Goutterelle et du chemin à flanc de pente qui relie Marcilly et Marcoux. Lieu-dit Les Boëlles (v. infra). Une tradition locale persistante mais restreinte désigne cette ferme, sans plus de précisions, comme le refuge d’un prêtre réfractaire (= ayant refusé de prêter serment à la Constitution Civile du Clergé de 1790) pendant les persécutions religieuses des années 90. Le châtelain de Marcilly fut à cette époque accusé de protéger le curé réfractaire de Marcoux et emprisonné, puis relâché sur intervention directe[6] d’habitants de Marcilly auprès du Tribunal Révolutionnaire siègeant à Feurs.
-- Les Boëlles. Lieu-dit et habitations au nord (et à peu de distance) du château. Le terme a signifié « boyaux » en français des XIIe-XIIIe siècles[7] (époque de construction du château). Le lieu est exactement à la limite du territoire communal. On peut penser à un lieu d’abattage et de dépècement (suffisamment à l’écart et au nord, et le « puits du marché » n’est pas trop loin), si du moins l’on garde bien présent à l’esprit que les activités économiques de transformation devaient à l’époque être concentrées dans les parages du château.

-- Le puits du marché (t.o.). Il est toujours visible, au point de séparation du chemin actuel du château, et du chemin montant aux Boëlles. Terrier 1404 : "puteum dau Marchiel" (34, fol 4V) -- où le latin (langue du document) "puteum" [=puits] est relayé (pour l'énoncé du nom de lieu lui-même) par la "langue vulgaire", c'est-à-dire la langue courante d'alors, appelée aujourd'hui "patois".

-- La maison du Bleu (t.o.), les Prisonniers (t.o.)

-- La Césarde (p.o.récente ; en un autre sens, t.o.)

-- L'école d'en haut (t.o.), l'école (p.o.)

-- la cola bruna [la Cabruna] (f-p, = la coulée brune, t.o.)

-- La Côte (p.o.) Dans notre configuration, une « côte » n’est pas une « montée » (terme qui est présent ailleurs sur le site), mais une pente perçue comme abordée de flanc, « de côté ». Cette situation se retrouve aux « Côtes », sur la route de Maure. Dans les deux cas, la voie tend à tricher avec la plus forte pente, et à garder de la hauteur.

-- Les Grandes Rases (p.o.)

-- Les Livattes (t.o.)

-- Les Plagnes (p.o.). Apparaissent au singulier "la Plaigny" -- c'est-à-dire "la plaine"-- dans le terrier de 1404, qui précise : "Pra de fond, alias [= autrement dit] ... la Plaigny" (34V, folio 8). L'appellation "Pra de fond" est d'interpretation incertaine : ce secteur (alors en pré) pouvait être perçu comme la partie la plus basse du site, en prolongement continu depuis les pentes du lieu fort; mais le folio 15V a "prata fontis", les "prés de la font" (la fontaine), qui peut désigner le même lieu.


2) versants sud sud-est est

-- Le Bourque (f-p, p.o., t.o.)

-- L'école d'en bas [l'école des soeurs] (p.o., t.o.)

--Le Merdari; le pont des soeurs (p.o., t.o.)

-- la maison des béguins (t.o.)

-- le Chemin des Ramées (p.o., t.o.) (ou « du Ramey »)

-- le Pré de la kermesse [de la vogue] (t.o.)

-- [etc...]

OBJECTIF 2 : LE NOM MÊME DE "MARCILLY (Etc.)"

Le "Mar-" de "Marcilly" peut ne pas avoir été du tout, à l'origine, une première syllabe d'un patronyme gallo-romain "Marcellius" ou "Marsilius", suivi du suffixe "-acum". Il est possible que la forme actuelle soit l'aboutissement d'une latinisation (certainement à l'œuvre dans le "Marcilliego" attesté en l'an 970 de notre ère pour Marcilly-le-Châtel; voir Dauzat-Rostaing, article "Marcilhac") d'un nom composé celtique bien antérieur dont le sens (qui aurait cessé d'être compris) aurait été "Haut-voir", "Haut-regard", "Haute-vue", "Belvédère", "Vigie" (avec ou sans pirate), "Mirador". Le qualificatif "Mar-" y aurait son sens valorisant fondamental, inspirant le respect (que cherche à rendre le "haut" proposé, plus que ne le ferait l'actuel "Beauregard" roman), suivi d'une racine (attestée dans le breton moderne sell ) signifiant le regard.
Cette hypothèse se fonde sur une ressemblance physique entre les nombreux sites de notre région (Alpes comprises) et au-delà, nommés "Marcilly", "Marcilleux" (qui est le même mot, avec la terminaison franco-provençale en –eux ; il y en a trois dans notre département[8], tous belvédères), ou "Marcelly" (écart du bourg de Taninges en Haute-Savoie, situé sous un pic de 2000 m. , "Le pic Marcelly"). Marcilly-la-Gueurce, en Saône-et-Loire, est située sur les pentes du haut belvédère de "Saint-Firmin", qui fait partie de la commune et domine la forêt de "La Gueurce". Marcilly d'Azergues, dans le département du Rhône, est sur les premières pentes d'une longue dorsale entre vallée de l'Azergues à l'ouest et de profonds vallons à l'est, avec vue panoramique également vers le nord. Il s'agit dans tous les cas de variations sur le thème commun d'une sorte de site-balcon relativement élevé, autorisant un large regard[9] et lui-même visible de loin, se détachant dans une masse de relief ascendant.
Cette ressemblance est une homologie, et non pas une identité. Le relief est à comprendre en termes relatifs : en zônes de plaine, un relief faible peut suffire pour apporter la motivation. Ainsi à "Marcilly-en-Gault" (Loir-et-Cher), en région plate, la proximité du "gault" (légère mais très vaste dépression boisée inondable), peut avoir induit la nomination du village implanté sur son bord, soustrait aux inondations par les quelques mètres de niveau de plus qui font toute la différence. En nomination structurale contrastive, comme en mécanique automobile rotative, c'est "le différentiel" qui compte. Bien sûr, les rapports entre mots et choses étant ce qu'ils sont dans les langues humaines, on rencontrera aussi, dans le lot qu'est la "série toponymique", des contre-exemples, où "Marcilly" ne peut remonter qu'à la forme latine, et non à un relief de position dominante, faible ou forte. Cela étant, il serait étrange que des nommés Marcellius ou Marsilius aient eu en tant que tels une prédilection pour des établissements en belvédère. L'interprétation patronymique, au vu de ces sites, peut paraître plus invraisemblable qu'une hypothèse d'oronymie, qui reste certes à explorer et valider – mais le nom prestigieux de "Marseille" a pu lui-même être interprété comme celui d'un signal côtier. Marsilly (sur océan, au nord de la Rochelle, qui accueillait cette année-ci "Les Marcilly de France") peut inspirer des remarques dans le même sens : repère ("mondrain") depuis les flots, et emplacement d'où voir un arc de rivages autrefois plus enveloppant qu'aujourd'hui. En "Marcilly,etc..", le réflexe de renvoi du toponyme à un nom de propriétaire a peut-être bien fait "prendre Le Pirée pour un homme".



[1] Le "terrier de Marcilly-le-Châtel, Reynaudi, 1404" est une photocopie en 24 feuillets recto-verso (numérotés de 34 à 57) d'une copie manuscrite (vraisemblablement du 19eme siècle ; et avec gloses en français), d'une "Copie du XVIIIe siècle" d'un recueil médiéval en latin (avec recours pour de nombreux noms de lieux au parler courant de l'époque, le patois) situant plusieurs centaines de parcelles sises à Marcilly et dans d'autres localités de la région. Le contenu se présente comme une séquence de "folios" numérotés de "3 V" à "373 V" [par "V", entendre le "verso" de la pièce d'archives citée]. La séquence est visiblement sélective (des numéros ont été sautés), et sélectif aussi le relevé du contenu des pièces (présence de points de suspension de copie, et, par passages, entrées squelettiques, et vers la fin, quelques entrées en français). A partir de "299", les folios portent des dates postérieures à 1404, mais toujours du 15eme siècle.

[2] D-R, article « Viols-en-Laval », où est restituée la forme « violo ». Cette forme figure en bonne place dans le Terrier de Marcilly :
[3] Nous n’en connaissons aucune forme actuelle écrite, avant celle que nous proposons ci-dessus, fidèle à la prononciation spontanée effectivement entendue (2004, L193.- , citant facétieusement L192.- ).

[4] En deux points différents : le Ravat, au « Bout du Pavé » ; les Ramées, au pied de la « montée du Pavé ».
[5] L., 2005 :« Quand il faisait chaud, et que ma grand-mère m’envoyait au pain, elle me disait « Passe pas par les violets, ya des vipères ». »
[6] Intervention…v. B.Laurent
[7] R. Grandsaignes d’Hauterive Dd’AF, 1947. Du latin botulus ou botellus (boudin, saucisson, boyau farci) ; « boëller » signifiait éventrer.
[8] Trois "Marcilleux" dans le département de la Loire (tous se prononcent en franco-provençal exactement comme "Marcilly", marsiyô). IGN 2831Ouest : 1 dominant la vallée de l'Aix (commune de StGermain-Laval -- mais anciennement, paroisse de StJulien d'Oddes, qui avait ainsi accès plus direct à la dite vallée, et vue depuis ce point sur StGermain ; le motif, ou le prétexte, du transfert d'allégeance paroissiale aurait été la déficience des secours religieux, attendus par Marcilleux de StJulien, lors d'une épidémie [cette tradition orale forte, bien que sans aucun texte ancien à son appui, a été judicieusement fixée par l’auteur d’une monographie parue en 1921, l’abbé Philippe Goutorbe : Essai d’histoire de la paroisse de StJulien d’Odde, Montbrison, p 84-87) ; 2 dominant de 100 mètres d'altitude les gorges de la Loire (ce hameau de la commune de StPaul-de-Vézelin était cartographié "Marcilly" jusqu'à la fin du XIXe siècle) ; 3 IGN 2833 Ouest, dominant la vallée de "La gueule d'enfer" au nord du bourg (et commune) de Marols, dont il constitue un guet avancé sur les approches nord traversant la vallée.
[9] Dans le Haut-Forez est un "Mont Regard" (IGN 2731 Est, à l'ouest de StJulien-la-Vêtre et à l'est de Noirétable, cote 754m., contourné par la limite intercommunale). Il est possible que ce soit une version de langue romane de ce même concept. En surplomb de 90 m. au sud, adossé au massif au nord, c'est un relief de belvédère (avant le reboisement en résineux) dominant une des voies d'accès à la vallée haute où a pu être la frontiére entre deux "nations" gauloises (signalée à un km. au nord par le lieu-dit "Guirande" -- de la famille toponymique "Iguerande"). Sur une des hauteurs d'en face à l'ouest (IGN 2731 Ouest), de l'autre côté de la voie, est une roche travaillée à cuvettes, christianisée par la statue moderne de la "Vierge de Cassière" (729m.) tournée vers le bourg de Noirétable – "Nétrable" en franco-provençal, c'est-à-dire le locatif "En étables" (d'estive) : lieux qui appelaient surveillance et défense.